BIENVENU DANS LA SECTION MOBILIER ET OBJETS D' ART DEUXIEME ANNEE DE L' IESA. ENTREZ ET VISITEZ



LES PHOTOS PUBLIEES SUR CE SITE SONT EN PRINCIPE PUBLIQUES. SI VOUS ÊTES L' AYANT-DROIT D' UNE DE CES PHOTOS, MERCI DE NOUS L' INDIQUER PAR MAIL, ET NOUS NOUS METTRONS EN CONFORMITE AVEC VOS EXIGENCES.

mardi 26 janvier 2010

PREMIERE RENAISSANCE FRANCAISE, HUGUES SAMBIN, ARMOIRE ARCONATI VISCONTI, MUSEE DU LOUVRE

ATTRIBUEE A HUGUES SAMBIN, L'ARMOIRE ARCONATI VISCONTI (DU NOM DE SON COMMANDITAIRE) TRAVAIL BURGONDO LYONNAIS



Le motif majeur de son décor est constitué par les trois termes colossaux qui ponctuent les ventaux de porte et qui supportent la corniche. Leurs pagne à double ceinture et à plis "étagés" apparaissent comme des variantes du septième couple de termes du recueil de Sambin de 1572; les ceintures de suirs à boucles des deux termes masculins sont identiques. Leurs bustes, à épaules étroites, à poitrine basse, creusée, et à pectoraux presque carrés, rappellent fortement ceux des termes egyptiens de la clôture de la chapelle du Saint-Esprit. Leurs têtes ricanantes ou grimaçantes, à chevelure bouclée, nez courts et retroussés, lèvres larges ou épaisses et barbes courtes s'apparentent à celles des atlantes du portique de la maison Maillard de 1565. Leurs corbeilles à fruits sont tressées comme celles des termes egyptiens de Sambin. Tous deux reposent sur des balustres soutenus en surplomb par des consoles, au départ garni d'un calice d'acanthes (à la découpe un peu plus simple), le corps tronconique étant couvert de branchages de lauriers terminés en fleurons. Leur principe peut s'inspirer d'un modèle de table d'Androuet DU CERCEAU. ais il n'y a pas plus copie littérale que pour les chimères et les termes egyptiens de la clôture de la Chapelle du Saint Esprit. Le motif du calice d'acanthes figure sur la façade de l'hôtel Fyot de mimeure. Les cannelures de DU CERCEAU on été supprimées et ses enroulements ont été remplacés par des entrelacs. le dessin sinueux des tiges rappelle celui des panneaux principaux de la porte du Palais de justice de Dijon, les feuilles étant modelées avec le même soin que celle du dressoir Trimolet. l'emploi d'un support à console et d'une couronne d'acanthes renvoie directement aux colonnes de la clôture dijonnaise. De la même façon, les dès de frise bombée, constituant un entablement interrompu pour souligner l'axe des organes de support, procèdent à la fois des entablements du recueil de 1572 et du verticalisme des grilles lattérales de la clôture de la Chapelle du Saint-Esprit, tandis que la gaine du terme féminin, avec sa chute de végétaux et son socle en pointe de diamant, relève du même parti que la gaine du terme central de la porte du palais de justice de Dijon, avec son socle à bossage.
Les ventaux proprement dits, d'une richesse décorative extraordinaire, appellent les mêmes points de comparaison. Les édicules à niches feintes des panneaux supérieurs jouent habilement des contrastes de relief entre, d'une part, les fûts des colonnes adossées (a nouveau sur consoles à gouttes) surmontées d'un petit motif d'amortissement, et, d'autre part, les figures d'Hercule et de Vénus taillées en ronde bosse et le décor d'architecture (moulure des arcs et du couronnement, motifs figuratifs secondaires) traité en méplat, avec ce même sens plastique des formes déjà repéré sur le dressoir Trimolet, les fenêtres hautes de la maison Maillard et les panneaux principaux de la porte du Palais de justice de Dijon. L'étrange auculus des tympans, à fleuron d'acanthe, rappelle encore précisément la clôture de la Chapelle du Saint-Esprit, et comme sur les sections de frise couronnant la porte de cette dernière, des mufles de lion sont placés du côté intérieur. Par ailleurs, les gorgerins des colonettes doriques sont garnis d'une petite couronne d'acanthes, souvenir peut-être du second ordre du Pallais de la Chacellerie à Rome, tandis que les ressauts de l'entablement, soutenus par les mufles de lion et des profils de console, combinnent singulièrement le schéma général de la baie axiale du palais des Conservateurs au Capitole et un détail des baies du troisième niveau sur cour du palais Farnèse. Ces réminiscences ultramontaines ne manquent pas de faire écho à celles que nous avons decelées sur la clôture de la Chapelle du Saint-Esprit et à celle que le modèle de la colonne en l'honneur du Duc de Mayenne affiche en évidence. De la même façon, les étranges compositions des vantaux de l'armoire Arconati Visconti, comprises entre les niches et les panneaux peints, mêlent des motifs équivalents à plusieurs éléments des menuisiers du Palais de justice de Dijon : corniches des tables hautes de la porte principale; arcs; rinceaux d'acanthe, petits faciès, draperies et guirlandes suspendues, dans les parties hautes des grilles lattérales de la clôture. Sur l'armoire du Musée de Louvre ces motifs s'assemblent pour former un très curieux appui d'allège aux édicules qui les surmontent, constitué de moulures horizontales saillantes soutenues par un arc adouci par des ailerons d'acanthe qui s'épaississent légèrement vers le haut pour servir de support. Pareille composition est d'une invention unique et procède du même esprit avec lequel Sambin a traité le réseau des claires-voies latérales de la clôture dijonaise. Ces mêmes ventaux d'armoire, où le motif des postes figure en bonne place, sont agrémentés de multiples petits branchages de laurier ou d'olivier aux feuilles striées exactement comme celles de la porte du Scrin. Leurs parties hautes, table rentrante entre frise de palmettes alternées, rapellent passablement celles de l'hôtel Fyot de Mimeure. Enfin, les moulures horizontales de l'armoire offrent les mêmes motifs de petites palmettes et de feuilles à trou que les panneaux de la porte du Scrin. Comme pour le dressoir Trimolet, cet ensemble si nombreux et si caractéristique d'affinités avec les oeuvres sûres de Sambin permet d'envisager sérieusement le nom de ce dernier pour une attributuion éventuelle de cette armoire du Louvre, même s'il serait heureux de pouvoir la fonder sur des arguments d'ordre historique qui font hélas défaut en l'état actuel des choses. On y retrouve les mêmes différences d'échelle dans le traitement des figures humaines (grands termes un peu rigides et petits sujets animés en ronde bosse). Elle semble aussi porter le reflet de la culture artistique de l'artiste. La figure d'Hercule dérive d'un modèle composé par IL ROSSO et reproduit par la gravure, qui renvoie encore à l'école de Fontainebleau. Le panneau peint en bas à gauche, représentant la création de l'homme, montre un paysage dans une perspective oblique, en trois plans successifs à tonalités chromatiques différentes, selon les procédés typiques de la peinture flamande du XVIème siècle, avec en particulier des rochers sur la gauche, peints de façon un peu sommaire mais aux contours assez tourmentés, inspirés de Patinir, qui hésitent entre la manière de Bles et celle d' Isenbrant. L'attribution de l'armoire à Sambin ne serait pas incompatible, bien au contraire, car ce dernier fut un proche ami du peintre Nicolas Hoey, petit neuveu de Lucas Leyde venu se fixer à Dijon, à qui on aurait bien pu faire appel à l'occasion. Ainsi donc, retenir le nom de l'architecte et menuisier dijonnais comme auteur probablede l'armoire Arconati Visconti tendrait, au contraire, à rendre compte de tous les aspects de ce meuble d'une qualité exceptionelle.
NB : Les scènes peintes figurées sur ce meuble sont une chose très rare de nos jours (problèmes de conservation des oeuvres). Le fait que ce meuble ait été entièrement en bois doré et polychrome lui confère une qualité exceptionelle ainsi qu'une rareté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire